Imprimeurs à la demande : le grand comparatif

Il y a 6 ans, je publiais un article qui comparait les tarifs pratiqués par les différentes plateformes d’impression à la demande présentes sur le web. À l’époque, CreateSpace battait tous ses concurrents haut la main. Qu’en est-il aujourd’hui ? Amazon conserve-t-il sa place de numéro un sur le podium ? Et comment s’en sortent ses concurrents ?
Les acteurs en lice
Un certain nombre de sites présentés ci-dessous proposent d’autres services que l’impression à la demande. Dans cet article, nous nous focaliserons uniquement sur leur offre de POD, ceci afin de comparer ce qui est comparable.
KDP
KDP, ou Kindle Direct Publishing, filiale d’Amazon, est le successeur de CreateSpace. Il s’agit de la plateforme d’impression à la demande la plus connue, la plus utilisée, mais aussi celle offrant un coût par exemplaire le plus faible. Ceci explique cela. Pour l’Europe, les livres peuvent être imprimés en Pologne, en Allemagne ou au Royaume-Uni. Le lieu d’impression varie essentiellement en fonction des dimensions du livre.
Avantages : les tarifs défiant toute concurrence
Inconvénients : le conditionnement des livres. Il n’est pas rare de voir une partie (voire la totalité) de sa commande d’exemplaires auteur abîmée, cabossée, hors d’usage et donc invendable. Évidemment, dans ce cas-là, il faut faire un retour à Amazon pour obtenir un remboursement.
BoD
BoD, ou Books on Demand, est une entreprise allemande, ayant des bureaux en France. Le plateforme propose de nombreux services et pas que de l’impression à la demande. Attention, il est possible de s’y inscrire en tant qu’auteur ou bien en tant qu’éditeur. Un auteur auto-édité digne de ce nom choisira l’entrée « éditeur », faute de quoi BoD sera considéré comme l’éditeur par les robots qui indexeront votre ouvrage (en raison de l’ISBN qui ne vous appartiendra pas).
Avantages : la grande qualité des ouvrages imprimés et la large gamme de choix de papier et types de couvertures.
Inconvénients : les tarifs prohibitifs pour les tout petits tirages.
Bookelis
Bookelis est une entreprise qui a été fondée dans l’optique de fournir tout un panel de services aux auteurs auto-édités, l’un d’entre eux étant bien sûr l’impression à la demande. Aujourd’hui, l’impression est gérée par Docuworld, imprimeur numérique nantais et également société-mère de Bookelis. Pour les livres qui bénéficient d’une distribution, l’impression est alors confiée à Lightning Source France, filiale de Hachette et d’IngramSpark, qui se trouve un peu plus loin dans cette liste.
À noter l’existence du programme « Pépites », qui permet de bénéficier de tarifs très compétitifs sur l’impression à la demande. Pour accéder à ce programme, il faut prouver son expertise dans le domaine de l’autoédition ou bien sa notoriété en tant qu’auteur.
Avantages : une gamme de choix de papier ; la possibilité de réaliser des couvertures rigides.
Inconvénients : les tarifs classiques, un peu élevés.
Iggybook
Plateforme similaire à Bookelis, Iggybook est surtout connu pour ses offres gratuites : la fourniture de sites web pré-structurés pour auteurs, et la distribution des ebooks. Iggybook propose aussi une offre d’impression à la demande. Fait amusant (ou pas) : le site évoque à plusieurs endroits la possibilité de « garder CreateSpace en direct ». Outre la formulation hasardeuse, on remarquera que cela fait 2 ans que CreateSpace n’existe plus.
Avantages : un site à l’interface moderne, possibilité de routage à une liste de contacts
Inconvénients : obligation de commander par palier de 10 exemplaires
WriteControl
WriteControl est d’abord un logiciel en ligne pour l’écriture, concurrent direct de Scribbook. WriteControl a souhaité simplifier au maximum les tâches de ses utilisateurs en automatisant presque tout le processus éditorial. Sa proposition d’impression à la demande fait intervenir une imprimerie basée dans le Nord.
Avantages : imprimeur français, certifié Imprim’Vert.
IngramSpark
IngramSpark, anciennement connu sous le nom de Lightning Source, est sans doute l’imprimeur à la demande le plus utilisé dans le monde après KDP. Cela ne m’étonnerait pas que ce soit vrai en France, malgré le fait qu’il est quasiment inconnu des auteurs autoédités. Et pour cause, son public, ce sont les auteurs indépendants anglophones ou les éditeurs. La filiale française, Lightning Source France est une joint-venture entre IngramSpark et Hachette. Aussi, lorsque vous voyez qu’un éditeur propose une « distribution Hachette », il y a fort à parier que le livre est en fait imprimé à la demande par Lightning Source France.
Avantages : les tarifs, les choix de personnalisation.
Inconvénients : les délais de livraison qui peuvent être longs, surtout avant Noël (4 semaines).
TheBookEdition
Pionnier de l’impression à la demande en France, TheBookEdition est en fait une imprimerie basée dans le nord de la France. Elle propose plusieurs autres services, en plus de l’impression à la demande.
Lulu
Lulu est une plateforme de POD américaine, à classer parmi les pionniers également.
Avantages : beaucoup de personnalisations possibles en terme de papier, reliure, etc.
Inconvénients : les frais de livraison, et les délais.
Librinova
Le positionnement de Librinova est un peu étrange : le modèle économique de cette société s’appuie sur l’autoédition, mais dans le même temps, elle considère l’autoédition comme un pis-aller pour les auteurs. L’offre phare de Librinova est en effet le programme permettant de se voir adjoindre un agent littéraire afin d’être mis en contact avec un éditeur. Évidemment, on ne peut rejoindre ce programme qu’après avoir atteint un certain seuil de ventes. Et je ne dirais rien sur les lettres de refus de certains éditeurs proposant aux auteurs recalés d’aller voir chez Librinova.
L’impression est réalisée par l’imprimeur SoBook.
Inconvénients : des méthodes peu orthodoxes et un positionnement sur l’autoédition qui pose question ; l’obligation de laisser Librinova réaliser sa maquette ; un seul format possible pour son livre !
Print’O Clock
Le leader de l’impression publicitaire, basé à Toulouse, développe une offre d’impression de livres et brochures. Print’O Clock est peut-être moins connu du grand public que VistaPrint, mais chez les auteurs indépendants, c’est sans doute celui qui est plébiscité pour la réalisation de marque-pages et de roll-ups à des prix défiant toute concurrence. En serait-il de même pour les livres ? Hélas, non, pas encore…
BooksFactory
Booksfactory est un imprimeur à la demande polonais, qui entend bien être le leader dans l’impression à la demande de moyens tirages. Et force est de constater qu’il y arrive.
Avantages : tarifs compétitifs à condition de commander au delà d’un certain nombre d’exemplaires.
Inconvénients : un site web qui manque encore d’ergonomie.
Kobo Writing Life
L’offre du concurrent principal de KDP est en fait issue d’un partenariat avec Bookelis. On est d’ailleurs renvoyé sur le site de Bookelis lorsque l’on souhaite accéder au service. Il s’agit surtout d’une offre de distribution plutôt que d’impression à la demande.
Il existe beaucoup d’autres imprimeurs à la demande ; nous avons choisi d’ajouter dans notre tableau comparatif ci-dessous les offres de Coollibri, PixartPrinting, Chapitre.com, Editions7, et Pumbo.
Tableau comparatif
Pour pouvoir effectuer une comparaison, nous prendrons pour référence l’impression d’un livre de 300 pages, pages intérieures en noir et blanc, reliure dos carré collé, couverture souple brillante, dimensions 6×9 pouces ou approchant, frais de port inclus.
Nous effectuerons les calculs du prix unitaire pour 1, 10, 25, 50 et 100 exemplaires commandés.
Les tarifs sont exprimés en euros. La présence d’une astérisque indique un tarif approximatif.
1 ex. | 10 ex. | 25 ex. | 50 ex. | 100 ex. | |
---|---|---|---|---|---|
KDP | 7,25 | 4,73 | 4,56 | 4,51 | 4,48 |
BoD | 17,30 | 11,38 | 10,61 | 10,43 | 10,33 |
Bookelis* (+ FDP) | 11,11 | 10,66 | 9,93 | 9,45 | 8,94 |
Iggybook | – | 7 | – | 7 | 7 |
WriteControl | 26,50 | 9,11 | 7,76 | 7,76 | 7,76 |
IngramSpark | 10,94 | 5,85 | 5,11 | 4,94 | 4,95 |
TheBookEdition | 14,96 | 10,21 | 9,50 | 8,88 | 8,35 |
Lulu | 11,50 | 8,24 | 7,99 | 7,54 | 7,07 |
Librinova* (+ 140 € maquette) | 15,90 | 10,24 | 8,59 | 8,50 | 6,87 |
Print’O Clock | – | 11,18 | 8,44 | 7,11 | 9,35 |
BooksFactory* (pour 230 p.) | 2,87 | 2,62 | |||
Coollibri | 21,63 | 15,14 | 12,29 | 11,38 | 10,51 |
PixartPrinting | – | 9,46 | 6,53 | 5,75 | 5,19 |
Chapitre.com* (+ FDP) | 12 | 12 | 12 | 11,40 | 10,80 |
Editions 7* (+ FDP) | 18,66 | 17,74 | 12,61 | 11,21 | 9,81 |
Pumbo* (+FDP) | 15,16 | 12,66 | 10,16 | 10,16 | 10,16 |
Conclusion
Nous n’avons pas pu tester toutes les propositions listées ci-dessus. Toutefois, si l’on ne regarde que le critère prix, KDP reste en tête, sauf si le tirage dépasse une cinquantaine d’exemplaires, auquel cas c’est Booksfactory qui remporte la palme. Pour des tirages moyennement importants, pensez aussi à demander un devis auprès de votre imprimeur local : les tarifs pourraient bien être similaires (merci Mx. Cordélia pour l’idée !)
Bien sûr, KDP est aussi l’un de ceux qui proposent le moins de personnalisations possible. Pour avoir un livre avec couverture rigide, par exemple, l’offre d’IngramSpark est la plus alléchante.
Crédit photo : Mika Baumeister on Unsplash
3 Responses
Il est à noter que BoD demande une exclusivité. Si on est chez eux, on n’a pas le droit de faire imprimer ailleurs, ce qui est très gênant. Je souhaitais aller chez eux pour qu’il soit référencé en librairie, mais cela m’empêche d’avoir mes propres exemplaires à prix bas ailleurs. J’ai l’impression d’y perdre la liberté que je cherche en autoédition. Je continue donc chez Booksfactory pour le moment.
Bonjour et merci pour ce post, ultra utile. je vois que ingramspark ne distribue pas en france. j’imagine donc que les librairies françaises ne seront pas informées de la publication de mon ouvrage…. et c’est un problème car pour le moment ma bd est en français. faut-il que j’en fasse une traduction en anglais pour ingram ? Et faut-il avoir un distributeur en france et ingram pour le worldwide ?
Bonjour Émilie. En France, il faut considérer IngramSpark comme un imprimeur uniquement, en effet.
« j’imagine donc que les librairies françaises ne seront pas informées de la publication de mon ouvrage » –> Attention, avec un distributeur, les librairies ne seront pas davantage informées de la publication de votre ouvrage. Informer les librairies, c’est le rôle des diffuseurs, pas des distributeurs.